Salle Romilly
Couloir Saint-Jacques
Dans le cadre de BIS_2020, 250e anniversaire de la BIS, exposition conçue et réalisée par Hervé Bacquet, artiste et Maître de conférences à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à partir de livres sortis du « pilon » de la BIS en dialogue avec des cartes de géographie du 16e siècle appartenant au fonds ancien de la BIS et des graffitis visibles au château de Chateaudun. De cette rencontre, naît ce qu’Hervé Bacquet nomme « le dessin typophage » qui est à la fois une technique et une méditation sur la pratique cartographique entre écriture et dessin :
« … d’abord j’avale des milliers de lettres avec mon stylo, je les défigure pour rendre le texte illisible, puis à partir de cet humus je réalise un dessin itératif, je vois la ligne revenir sur elle-même, elle se déploie, elle forme des trames et peu à peu des contours apparaissent.
Sillonner le livre
Couloir Saint-Jacques
Au sujet de 12 dessins à l’encre sur des livres (pilon de la BIS)
D’après des graffitis visibles au château de Chateaudun.
Encre noire sur papier imprimé.
"J’ai choisi d’observer simultanément des pages de livre et des graffitis du château de Chateaudun comme des éléments en présence, en tant que traces qui se perdent dans les veines de la pierre et du temps. Des noms oubliés mais vivants, des gestes inconnus mais que l’esprit peut deviner.
Ressentir le livre sans chercher à le lire, voir un geste ou une architecture dans chaque caractère d’imprimerie, imaginer le regard d’un prisonnier qui trace une lettre avec élégance dans la pénombre sans autre projet que de trouver une voie.
Sillonner sans fin des pages et des pages, il n’y a aucun sens à faire cela mais c’est impératif et itératif.
Salle Romilly
« Je m’appuie sur l’observation des cartes anciennes pour faire d’un magma graphique une superposition d’images fugaces, j’observe toutes les écritures qui s’immiscent entre les rivières, entre les montagnes, elles sont tantôt domestiquées, tantôt épanchées, leurs volutes rappellent les traces des patineurs sur les canaux gelés, elles voudraient tournoyer encore un peu mais le métier de cartographe reprend le dessus, finalement elles s’alignent.
« Je vois la courbe d’un A comme un fouet qui claque quelque part au-dessus de nos têtes, nous sommes dans le paysage de l’écriture, dans le plaisir non dissimulé à danser dans l’espace de la feuille légèrement gaufrée. Quand j’effeuille ces cartes reliées, le papier sonne comme les voiles d’un navire qui navigue auprès.
« Mes dessins ne représentent pas des territoires, ils sont une façon de passer au travers, de les revivre par le trait en tant qu’exploration. Je ne remonte pas le fil de l’histoire, je m’approprie ces cartes en tant que dessins au sens contemporain du terme, pour la complexité des espaces et des figures, entre topologie, représentations allégoriques et outil pour la navigation. La pointe des graveurs laisse apparaître de subtiles gestes calligraphiques dont je tente de retrouver la dimension motrice. Je ne conçois pas le dessin comme une notion formelle mais comme une manière de se lancer sur la page et de modifier l’échelle de mes perceptions. »