La bibliothèque de l’université a été ouverte le 3 décembre 1770, il y a 251 ans. Elle était alors logée de l’autre côté de la rue Saint-Jacques, au lycée Louis-le-Grand, était ouverte 13h30 par semaine de janvier à août, comptait 20 000 volumes et desservait quelques milliers de professeurs et d’étudiants. La Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne - ou BIS depuis 2012 - installée dans ce quadrilatère depuis 1823 et dans ces locaux depuis 1897 (pour l’essentiel) est ouverte 61 heures par semaine, compte plus de deux millions de documents et 21 000 lecteurs inscrits.
La présentation d’objets et de documents faite à l’Espace d’exposition n’entreprend pas de retracer son histoire complexe. On pourra se reporter pour cela à l’ouvrage collectif La bibliothèque de la Sorbonne : 250 ans d’histoire au cœur de l’université (Paris, décembre 2021). L’objet est ici différent et bien plus modeste : témoigner des usages de travail de son personnel et de son public à travers plusieurs pièces d’archives internes et quelques objets ayant survécu aux transformations des pratiques professionnelles. Un bon nombre de ceux présentés ici ont été collectés à cette occasion. Le mouvement succède à la collecte d’archives orales (voir quelques extraits sur la chaîne Youtube) menée depuis 2019.
Inscrire, estampiller, cataloguer, prêter, réglementer : ces activités ont demandé le recours à l’usage d’estampilles, de bulletins, de panneaux d’affichage, d’étiquettes et de fantômes, aujourd’hui de codes-barres et de puces RFID. Il faut imaginer autour d’autres outils indispensables : chariots à livres, échelles à étagères, meubles à tiroirs, plumes et machines à écrire. La matière est riche, alors même que l’histoire des bibliothécaires et celle des collections ont été laissées de côté. Le public qui va et vient d’un jour à l’autre, d’une année scolaire à l’autre, éternellement renouvelé, laisse finalement - quelle frustration - assez peu de traces : quelques statistiques à exhumer, pas d’images avant le 20e siècle. Heureusement on trouve dans les archives une série discontinue mais riche de registres de prêt qui font aujourd’hui l’objet d’un programme de recherche. Le projet est celui d’une évocation sensible plutôt que celui d’une narration raisonnée. Il évoquera peut-être quelques souvenirs à nos lecteurs nés avant l’âge des réseaux et de l’informatique. Il espère susciter l’étonnement amusé des plus jeunes et leur rappeler leurs prédécesseurs dans ces lieux depuis 251 ans.
Conception : Juliette Jestaz, cheffe du Département des manuscrits et livres anciens, avec l’aide d’Isabelle Diry, conservatrice au DMLA et de Marie-Thérèse Petiot, cheffe du Département du développement des collections
Réalisation : Gaëlle Fuchs, Sylvie Struyve (atelier de restauration de la BIS) ; affiche : Sylvain Boyer
Accès : BIS-Espace exposition (1er étage). Ouvert aux lectrices et lecteurs de la BIS.